La vraie nature du biologique

Depuis quelques années, les Québécois ont lentement amorcé le virage «biologique». La sensibilisation aux problèmes environnementaux a fait son chemin et nos habitudes se sont mises à se transformer, et ce, jusque sur les tablettes de nos marchés d'alimentation. Mais que signifie exactement l'expression «aliment biologique» ?
Illusion ou réalité?

Pour répondre à une demande croissante, certains entrepreneurs agricoles ont adopté des modes de production «bio» ou «biologique», comme on peut le lire sur les étiquettes. Offerts par l'entremise des marchés d'alimentation, des magasins d'aliments naturels ou des producteurs eux-mêmes, les produits de ces récoltes et de ces élevages donnent parfois l'impression d'être supérieurs aux aliments traditionnels. Est-ce exact ?

L'appellation aliment biologique désigne des produits cultivés sans engrais chimiques ni pesticides ou provenant d'animaux élevés sans utilisation de médicaments tels les antibiotiques. Pour être accrédité, un producteur ne doit pas avoir utilisé d'engrais ni de pesticides depuis au moins trois ans. Présents dans tous les secteurs de l'industrie agroalimentaire, ces aliments comprennent aussi bien les fruits et les légumes frais ou séchés que les produits céréaliers, les noix, les graines, les légumineuses, les volailles, les viandes, les œufs et les
produits laitiers.

Bien que contenant moins de résidus de contaminants chimiques que les autres aliments, ils n'en sont toutefois pas totalement exempts puisqu'ils peuvent être indirectement exposés par l'action des vents, ou de l'eau de pluie ou de ruissellement. En outre, ils ne devraient pas renfermer d'additifs, car leur utilisation, qui reste possible, est contraire à l'objectif premier de cette méthode de culture. De ce fait, il serait exagéré d'affirmer que les aliments biologiques ne renferment aucun produit chimique.

Alors que les pesticides de contact, qui demeurent sur la surface des plantes, peuvent être éliminés par un rinçage abondant, les pesticides systémiques pénètrent par la racine ou les feuilles. Transportés par la sève, ils s'infiltrent à l'intérieur de la plante sans en détruire toutefois les vitamines ou les minéraux, n'altérant en rien la valeur nutritive de l'aliment.

Même si les aliments biologiques donnent l'impression d'être plus nutritifs que les autres, aucune étude scientifique n'a encore corroboré cette hypothèse. D'ailleurs, plusieurs éléments, comme le degré de maturation et la composition du sol, entre autres, peuvent influencer la qualité nutritionnelle des aliments. Prenons l'exemple d'une carotte cultivée en Nouvelle-Écosse plutôt qu'au Manitoba. La première, en raison de la composition du sol des régions bordant la mer, contiendra plus d'iode que la seconde.

Contenant moins de polluants chimiques et offrant une valeur nutritive équivalente, comment peut-on justifier le prix élevé des aliments biologiques ? La réponse : les techniques et le volume de production. Même si l'agriculteur dépense moins en engrais et en pesticides, il investit davantage dans les coûts de main-d'œuvre et de manipulation. En outre, sa production est légèrement inférieure à celle de ceux qui utilisent les méthodes conventionnelles. Une offre et une demande plus rares maintiennent également les prix à la hausse.

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